Amicale des Anciens Elèves

Messe officiée par le Père VESSIERE le dimanche 24 novembre 2019. Une soixantaine d'anciens élèves étaient présents.

  

Homélie sur le travail

Tant travailler, à quoi ça sert ?
En 1945, j'avais 20 ans, et je me posais cette question. Comme d'autres de l'Elag le firent, je suivais les cours du soir pour me perfectionner. Le manque de nourriture s'ajoutant au travail je ressentais la fatigue. Un samedi j'eus l'occasion de monter à Valsenestre où le Père Vasserot dirigeait un camp de vacances. A la messe du dimanche le Père Vasserot prononça son homélie sur le thème du progrès technique pour montrer qu'il facilitait les relations humaines. Des avions et des bateaux de plus en plus rapides rapprochent les hommes et les Continents. Je compris alors que je devais continuer à travailler et à progresser.
Une meilleure connaissance de Jésus nous amène à considérer l'ensemble de sa vie. En particulier sa vie à Nazareth où, apprenti de Joseph, il devint charpentier comme lui. Quand il eut 30 ans Jésus quitta la maison familiale et entra pleinement dans sa Mission de Messie- Sauveur. Que Jésus fut un travailleur manuel et le responsable d'une petite entreprise familiale pose question à l'Eglise. Le Concile Vatican 2 a mené une réflexion poussée sur le travail et sur la technique, dans les années 1960. Mais avant de citer des textes du Concile je vous propose une première réflexion personnelle.
Un jeune prénommé Charles, après avoir fait un stage à l'Elag, a choisi le travail du bois plutôt que le travail sur les métaux. Il en est à sa cinquième année chez les Compagnons du Tour de France. Des jeunes filles sont actuellement élèves de l'Elag. C'est un choix et j'espère qu'elles s'épanouissent tout autant que les garçons.
Il appartient à l'encadrement de l'Elag de former professionnellement les élèves, mais aussi d'éduquer leur conscience de travailleur. Pour ce faire il convient que notre réflexion nous conduise à découvrir le sens profond du travail.
Le sens du travail a évolué avec le temps. Dans le monde ancien et latin, disons à l'époque de J-C, il y avait le mot « trepalium » qui est à l’origine du verbe travailler. Ce mot « trepalium » désignait un instrument de torture. Le travail était l'activité des esclaves.
Aujourd'hui n'y a-t-il pas des gens qui, dans leur pensée, établissent un lien entre travail manuel et effort pénible, voire avec une certaine souffrance ? Est-il possible de trouver un épanouissement personnel dans le travail ?
Que nous dit le Concile sur le sens du travail ?
« Le travail... passe avant les autres éléments de la vie économique ». « Par son travail, l'homme assure habituellement sa subsistance et celle de sa famille ». « Il s'associe à d'autres personnes dans un mutuel service...et coopère à l'oeuvre de la création divine ».
« Bien plus, ajoute le Concile, par l'offrande de son travail à Dieu, nous tenons que l'homme est associé à l'oeuvre rédemptrice de Jésus-Christ qui a donné au travail une dignité éminente en oeuvrant de ses propres mains à Nazareth »
« De là découlent pour tout homme le devoir de travailler aussi bien que le droit au travail »
« La société doit, pour sa part, aider les citoyens en leur permettant de se procurer un emploi suffisant ». « La rémunération du travail doit assurer à l'homme des ressources qui lui permettent, à lui et à sa famille, une vie digne sur le plan matériel, social, culturel et spirituel ».
« Il importe d'adapter tout le processus du travaiL.en tenant compte du sexe et de l'âge »
« Les travailleurs doivent aussi avoir la possibilité de développer leurs qualités et leur personnalité dans l'exercice même de leur travail ».
Le Concile aborde d'autres points importants, comme la « participation » des travailleurs à la vie de l'entreprise ou la « destination » des biens de la terre à tous les hommes.

 

 

Message d'un ancien élève pour l'obtention de son Bac Pro

askip j'ai mon bac eh oui surprenant? oui et non. Merci a l'E.L.A.G. une des meilleurs école que je connaisse des hauts et des bas mais dans cette école surtout des hauts, TOUS les profs géniaux pire qu'au top du top une directrice qui nous supporte chaque jour mais on a des jours sympas aussi, je ne vous oublie pas je suis a votre dispo quand vous voulez ALORS GRAND MERCI on viendra fête sa ne vous inquiéter pas!!!!! 

Témoignages des élèves lors des 80 ans de l'Ecole

Le quatre-vingtième anniversaire de notre établissement  a réuni en cette belle journée plus d'une centaine de personnes, officiels, anciens et nouveaux élèves, représentants des groupes scolaires voisins et membres du conseil d'administration. Ce fut l'occasion de revenir sur l'histoire de notre école, de mettre en exergue les excellents résultats enregistrés lors de la session 2015 et d'interroger quelques anciens sur leur passage à l'ELAG.

 Ci-dessous figurent  quelques questions et réponses recueillies à cette occasion.

 

● Pouvez- vous nous dire comment vous avez connu l'ELAG? 

- Grâce à un ami qui était un ancien élève.

- Par le forum des métiers.

- Par internet.

- Par un stage d'une semaine qui m'a plu.

 

● Qu'est ce qui vous a plu dans cette école?

- L'ambiance et la proximité avec les enseignants.

- L'esprit de famille.

- Le travail manuel et le fait d'apprendre un métier.

- Le travail à l'atelier et les stages.

 

●Avez-vous eu du mal à trouver des stages pendant votre scolarité?

- Non, notre formation est très recherchée.

- L'ELAG travaille avec un réseau d'entreprise qu'on peut contacter en cas de difficulté.

 

● Quel avenir après ELAG?

- La vie active ( un premier poste chez Grenoble Transmission Mécanique).

- Une poursuite d'étude en BTS ou IUT.

- Je travaille mais j'ai un attachement très fort pour cette école et je continue à être très actif et présent grâce à l'amicale.

Le retour d'un ancien élève dans son Ecole

Douze octobre 2015, l’ELAG, ça y est, j’y suis. Il est 13 heures 52. J’ai rendez-vous à 14 heures pour une visite de mon ancienne école : l’ELAG.

Le mois dernier, en septembre, il y a eu cinquante sept ans, j’entrai dans la cour par le chemin Bourgelas, là où j’ai trouvé porte close toute à l’heure : propriété privée. C’est vrai que si j’avais bien regardé l’invitation fournie par la Chambre  de Commerce et d’Industrie de Grenoble qui a organisé ces journées portes ouvertes, il bien stipulé que l’entrée se fait aujourd’hui par la rue de la Bajatière.
Dans mon entêtement, j’ai voulu, après le chemin Bourgelas, rejoindre la rue Maurice Barrès pour entrer, et là aussi, stupeur, mon dortoir et mes salles de classe ont changés de crémerie !
Les temps ont changés bien sûr et il a fallut s’adapter pour continuer d’exister, je le comprends aisément.

Je m’appelle René JULIEN  et je suis de la promotion 58, ça fait un bail. J’avais 15 ans et demi passé et c’était parti pour 4 ans d’internat, 4 ans qui allaient changer ma vie dans le domaine professionnel.
Je lisais, il y a quelque temps, sur le site de l’école, le témoignage de Mr GIRERD concernant son père René aujourd’hui décédé, qu’il avait dû entrer en 54, donc  sans doute sorti en 58, l’année de mon arrivée. Lui aussi, ce passage à l’ELAG a changé quelque chose dans sa vie ; son fils en témoigne. Les anciens de premières promos ou ceux qui en restent sont aujourd’hui des nonagénaires !

L’accueil

Je me dirige vers l’accueil  où je suis reçu par Mme la Directrice dont je fais la connaissance ; accueil cordial et amical mais je la sens gênée car elle me demande tout de suite si la présence de jeunes collégiens au cours de notre visite ne va pas gâcher la mienne.

 -Vous savez, Madame, 30 ans d’enseignement de la technologie en lycée puis en IUT à Grenoble n’ont pas gâché mon existence, c’est même cette présence annuellement renouvelée de jeunes étudiants de 19, 20 ans qui m’a permis d’exercer ce « sacerdoce » en toute sérénité ou presque. Il devient toute fois évidant que lorsque certains de ces jeunes étudiants sont les fils et filles d’anciens élèves de l’IUT que j’ai connu on est en droit de se poser des questions existentielles. 


La visite

Il s’est trouvé que pour cette première journée portes ouvertes à l’ELAG, nous étions trois adultes, les deux professeurs accompagnant leurs collégiens et moi-même. J’ose espérer que ces prochains jours de visites amènerons d’avantage de visiteurs, voir même de « pèlerins » comme moi-même.

Ce couperet  de l’orientation en 3ème boude les métiers de savoir faire, comme la production mécanique, c’est mal vu quand ce n’est pas vu du tout, et Mme ROMERO montre bien, dans sa présentation, que la mécanique est partout dans tout nos produits de consommation, de la voiture à la coque plastique des téléphones cellulaires en passant par les prothèses de hanches et genoux, voir de cœur artificiel. Même les marmottes qui emballent du chocolat MILKA sont mécaniques et pneumatiques. Jusqu’où ne va-t-on pas pour la cacher cette mécanique !  En fait, la production mécanique on en parle beaucoup dans les établissements d’enseignement techniques, mais elle n’est jamais vécue, tout au plus une visite de site industriel ou une vidéo comme celle que nous venons de voir. A l’ELAG est pleinement vécue.

Notre visite s’est déroulée normalement et nos collégiens ont découvert avec curiosité le milieu de la production mécanique par enlèvement de matière. Les collégiennes qui étaient majoritaires ont même fait la connaissance d’un RAMBO de la production en la personne du jeune Alex, au demeurant fort  sympathique. 
Bien sûr l’atelier aussi a subit des transformations territoriales, il a fallut s’adapter ; l’entrée principale, en tous cas celle que nous avons emprunté est aujourd’hui sur le coté presque en face de du réfectoire, il me semble, là où Mr JARGOT, pape de la métrologie, dégainait le micron plus vite que son ombre. L’estrade de notre chef d’atelier Mr FABIEN (dit Jean-Jean) a disparue. Le secteur des bizuths, empire de Mr REYNAUD (dit Tagada) semble être dédié à des locaux de bureau et vestiaires; les heures de lime que j’ai passées là avec mon voisin Vallier, de la bâtarde au tiers point avec finition à traits croisés, ou tiré de long c’était selon. Nous nous sommes constitué là une petite panoplie d’outils que je possède toujours et que j’utilise dans mon petit atelier : 
des équerres avec ou sans chapeau, à 90°, 45°, 60° et leurs gabarits, équerre à centrer, une paire de vés finition grattés s’il vous plait, une paire de vérins de calage pour le bridage de pièces sur une table, une réglette de contrôle de rectitude aux arêtes rôdées, rien que ça, un tourne à gauche, un jeu de mors parallèles en vés à rappel par ressort, un trusquin, une paire de  presses etc…
La raboteuse a laissé sa place à une batterie de tours CAZENEUVE HBX, et  je crois avoir identifié le petit tour CROUZET qui se trouvait à coté du bureau de Jean-Jean au pied de l’estrade. Il a changé de place mais fonctionne toujours en bon petit soldat. Je possède un exemplaire de ce tour que j’ai remotorisé avec un variateur électronique  pour les vitesses de broche, je lui ai adjoint un diviseur manuel permettent de positionner la broche au dixième de degré prés, un appareil  à retomber dans le pas etc…
Le secteur de Mr REGACHE (dit moustache), pape du fraisage, possède toujours des fraiseuses, notamment des Hernault Somua à table sans console, une rectifieuse plane, une colonne de perçage genre Radiale.
Pour parler de Mr REGACHE qui nous a quitté il y a peu, il faut dire que la plupart de ces profs d’atelier auxquels nous vouions une admiration sans bornes étaient pour la plupart d’entre eux (notamment Mrs DELORE, REYNAUD, REGACHE…) des professeurs de technologie exceptionnels, et qui officiaient  le soir après l’atelier. Les séances de Mr REGACHE concernant la description et la fabrication des machines-outils étaient de véritables moments  d’anthologie. Je possède toujours mes classeurs de techno lorsque Mr REGACHE dessinait aux craies de couleur au tableau la coupe en long d’une broche de fraiseuse ELAG, ou Mr DELORE la broche d’un tour Hernault Batignolles, avec les roulements, les pignons de harnais-volée, inverseur des avances, pas rapide, pas normaux, boites Norton ; et je ne vous parle pas de la tête universelle d’une fraiseuse Huré. Comment voulez-vous qu’avec un tel bagage, et  en plus, si nous maitrisions le fonctionnement de ces machines on ne trouve pas une place en sortant de là.
Le tour à six filets, vis et écrous semble avoir disparu. Un machine géniale créée par le Père CAYERE (dit le Loup) qui filetait une vis d’un coté un écrou de l’autre  avec indexage automatique pour le changement de filets, la prise de passe indexée, à fonctionnement entièrement mécanique, pas une once d’électronique (surtout pas, je vous raconterais…non pas de polémiques !)
Mme ROMERO m’a montré un parc à matière bien fourni ainsi que les machines de débit adéquates ; il m’a semblé que c’était un peu au fond et à gauche, peut-être le secteur de notre célèbre forgeron, magasinier Mr PARENT (dit ?).Il était parait-il célèbre pour la confection à la forge des outils à tronçonner à col de cygne (à trajectoire dégageante, vous savez !), ce qui les empêchaient de brouter lors d’un tronçonnage.
Il n’y a plus d’arbre de transmission au plafond et la toiture en sheds à été surbaissée, sans doute pour faire des économies de chauffage.

Beaucoup d’émotions, je pense que ça c’est vu, en revoyant cet endroit, même complètement remanié où j’ai passé 4 ans de ma jeunesse, mais d’où je suis sorti avec un espoir immense, muni de mes deux CAP (ajusteur et tourneur).J’ai entendu dire, mais ne l’ai pas vérifié, qu’il fallait compter 3000 heures de machines pour faire un bon tourneur. A méditer.
La salle où nous avons été accueillis, sans doute salle de classe, de réunion… est bien équipée, notamment un vidéo projecteur dont j’ai toujours  rêvé  lorsque j’enseignais. 
Emotions aussi lorsque, dans cette salle, sur la liste des milliers d’anciens j’ai vu mon nom dans la promotion 58. Dommage que j’ai complètement zappé la célébration de ce 80éme anniversaire. Je tacherai d’être là pour le dernier dimanche de novembre.

Ma vie à l’ELAG

Comme il a été dit nous étions là pour 4 ans. Venant de Moirans j’étais interne.
La première année est dite préparatoire, puis 1ère, 2ème et 3ème année.

Mes souvenirs de bizuth s’estompent un peu mais il me semble que durant l’année préparatoire nous étions hébergés dans les étages au-dessus du réfectoire. Je n’étais pas trop dépaysé par l’internat car je sortais d’une année à Voiron à St Joseph où le frère PETIT qui deviendra un temps directeur de l’ELAG, avait réussi, non sans mal, à me faire réussir le certificat d’études primaires, avec un an de retard certes, mais je l’avais. J’étais à l’époque le désespoir de ma mère, dernier de la classe, bonnet d’âne, punitions à répétition, elle qui avait était reçue première du canton au certif en 1933, et avait obtenue une montre en cadeau. Elle ne savait que faire de moi qui ne pensais qu’à jouer aux indiens ou robin des bois, que sais-je ; c’est le frère PETIT qui lui a conseillé de me présenter aux concours d’entrée en école d’apprentissage. Je me souviens d’avoir passé  3 concours d’entrée, un pour l’école NEYRPIC, un pour le centre GUYNEMER et un pour l’ELAG.  J’ai été refusé à NEYRPIC et je peux vous dire que je n’ai jamais regretté d’avoir choisi l’ELAG. Comment ce frère PETIT a-t-il pu déceler en moi les possibilités latentes qui n’attendaient qu’un terrain favorable pour s’affirmer?  Je n’en sais rien, mais plusieurs fois dans ma vie j’ai bénéficié d’un coup de pouce comme celui là.

Le bâtiment  qui nous abritait était aussi celui de la résidence du père CAYERE, de la petite chapelle où il disait sa messe tous les jours ; il y avait aussi sa sœur. Donc, pas de chahut il fallait filler doux. C’est vrai qu’il était sévère mais juste. Je ne me rappelle pas de lui avoir adressé la parole en 4 ans, sinon pour répondre en cours à ses questions, voir pour dire bonjour si on se croisait, ce que  j’évitais le plus possible. Il venait quelque fois à l’atelier lorsque nous y étions, il s’arrêtait devant le tour à 6 filets, le regardait fonctionner ; les professeurs devaient lui parler sans doute mais rarement.
Et pourtant je peux vous assurer que nous, nous l’avons entendu parler, il avait des choses à nous dire, surtout les préparatoires. Son jour était si j’ai bonne mémoire le jeudi après midi dont les séances se partageaient en enseignement du dessin industriel, ou en cours que l’on pourrait appeler aujourd’hui de la SVT. Ses documents, qu’il accompagnait de dessin au tableau sans jamais effacer parlaient d’océans, de mer, de fleuves, de vents, de nuages et d’énergie solaire qui évaporait l’eau des mers, laquelle retombait sous forme de pluie pour former les lacs avec des barrages… Tout cela dans un carrousel bien réglé et qui ne pouvait qu’être l’œuvre d’un grand ingénieur.  J’apprenais des mots nouveaux  comme par exemple « énergie potentielle », force du vent domestiquée, turbines hydrauliques. Cela me passionnait. J’ai appris, bien plus tard dans un livre de Mr LINOSSIER qui lui était consacré, que le père CAYERE  a inventé et mis au point des « systèmes de régulation automatiques de vitesse des  turbines hydro-électriques » ; il avait été, je crois ingénieur chez NEYRPIC. Il était de toute façon ingénieur AM et IEG.
Et l’enseignement du dessin industriel, c’était quelque chose ! Nous avons dû dessiner dans l’année une bonne vingtaine, peut être plus, de pièces en bois qu’il nous fallait reproduire sur papier; ces pièces avaient toute la forme initiale d’un cube de 8cm d’arête environ, mais truffées d’entailles, de trous, parallèles aux faces ou en biais ; elles présentaient bien sûr des difficultés croissantes.
Le rituel était toujours le même : 
première séance : vue de face, vue de droite, de gauche, de dessus, de dessous, et même de derrière je crois, le tout à l’encre de chine bien évidemment et au tire-ligne (Ah !  Autocad ou SolidWorks où étiez vous ?) la feuille était rendue en fin d’heure accompagnée de la note au crayon que nous estimions pour ce travail. Bien souvent, au début au moins, ma copie m’a été rendue, avec, écrit en tout petit « prétentieux » accompagnée de la note que je méritais.
seconde séance, toujours pour la même pièce dont nous avions le dessin de définition, les perspectives cavalières. Huit perspectives sur un format A4 horizontal toujours à l’encre de chine et au tire-ligne et avec coloration des faces différemment pour améliorer la lecture. Les 4 premières perspectives à gauche de la feuille représentaient la pièce vue de devant, mais d’en haut à gauche, d’en bas à gauche, d’en bas à droite et enfin d’en haut à droite. (Quand  j’écris ça je me crois chez mon ophtalmo pour un fond d’œil). Vous avez deviné que les 4 autres à droite, c’était la même chose mais vue de derrière ! Si nous n’avions pas le temps de finir on pouvait terminer en étude le soir dans la semaine.
La aussi les intersections de faces, d’entailles et de trous nous étaient devenues familières. Par la suite, dans les années qui restaient nous apprenions à dessiner de vraies pièces mécaniques et nous nous initiions à la cotation. Nous étions initiés aussi aux principaux tracés géométriques : élever une perpendiculaire sur une droite, même lorsque elle se trouvait à l’extrémité de la droite, diviser un segment de droite en un nombre de part impair (7 par exemple), tracer une ellipse ou bien tracer une anse de panier…
En sortant, la plupart d’entre nous avaient un niveau de dessin correct, et en tous les cas nous savions surtout lire un plan pour pouvoir usiner les pièces.

Je dois parler aussi du frère FAURE, qui avait enseigné au Liban pas mal de temps et qui nous avait en charge. Je me souviens d’un grand bonhomme qui nous en imposait ; même l’harmonium devait le craindre. Nous y apprenions le calcul, la géométrie,  la trigonométrie avec des sinus qui prenaient la tangente ! Les relations métriques dans le triangle rectangle, l’hypoténuse et les cotés de l’angle droit tout ça pour nous amener au théorème de Pythagore. Toutes les formules classiques de surface et volumes y passaient ; on savait même extraire des racines carrées à la main ou calculer le sinus d’un angle à l’aide des tables de trigo avec interpolation linéaire, le cas échéant ; Il nous faisait faire des dictées, des rédactions.
Et la règle à calcul, c’était quelque chose ! J’ai toujours ma petite règle d’atelier. Excellent pour apprécier les ordres de grandeur ; les cotes en millimètres  avec 5 décimales de mes étudiants d’IUT m’ont toujours impressionnées  dans leur copie!  Le micron, même pas peur !

Je m’étais inscrit aussi, en 2ème année à des cours d’électricité que venait nous dispenser un ingénieur de chez Merlin&Gerin en retraite je crois. J’étais très intéressé  par ses cours, d’ailleurs cette passion pour l’électrotechnique et plus tard pour l’électronique digitale (celle des ordinateurs) ne m’a plus quitté et m’a permis d’enseigner en IUT Génie mécanique et également en Génie électrique des formations  aux automates programmables et d’initiation aux microprocesseurs.

En fin de 2ème année certains d’entre nous étaient proposés  au CAP d’ajusteur, CAP que j’ai trouvé le moyen de passer avec une jambe dans le plâtre. Fracture du péroné droit en jouant au foot dans la cour.

En 3ème année, ceux qui le souhaitaient, pouvaient  faire une préparation militaire ; un sergent de l’armée de l’air nous initiait aux mécaniques des avions: moteurs 4 temps (admission, compression, explosion, échappement) réacteurs et turboréacteurs, un peu d’hydraulique, profil d’une aile d’avion… C’était le samedi matin et ça me faisait rêver. Nous nous rendions également à la caserne de l’Alma.

En temps que bizuth nous avions droit bien sûr aux farces jamais méchantes comme ce que l’on peut voir aujourd’hui dans des établissements, où certains profitent de cette occasion pour assumer leur libido malsaine. Non, nous c’était plus zen. Un lundi matin que Tagada m’avait envoyé en « stage » au magasin pour y apprendre le nom de tous les outils que les profs ou les élèves venaient emprunter ou rendre, je vois arriver un 3ème année, avec son jeton de prêt, affolé qui me demande une bulle de niveau car il a perdu la sienne  et il ne veut pas se faire réprimander ; il est en train de faire des relevés pour établir une carte de contrôle du marbre qu’il rôde ; je ne le crois, surtout pour la bonne raison que Mr PARENT ne m’a pas dit dans quel tiroir elles étaient et je le suis pour vérifier avec lui l’absence de la bulle d’un niveau CAYERE. Et effectivement pas de bulle, je manipule avec précaution la molette d’inclinaison de la fiole, car j’ai appris le fonctionnement de cet appareil merveilleux mais ne sait pas encore m’en servir. Enfin, au bout d’un moment je vois revenir la bulle dans la petite lueur de l’ampoule. Plus tard, bien plus tard, Mr JARGOT nous expliquera que ce phénomène arrive assez souvent surtout avec des fioles à très grands rayon de courbure (plusieurs dizaine de mètres je crois) et surtout le lundi matin, problème de température et déformation. Comme quoi le lundi matin c’est dur pour tout le monde. Enfin presque, moi, je revenais le dimanche soir, j’avais le temps de me remettre dans le bain.

Voila comment se passait notre vie à l’ELAG, et j’ai trouvé que les vacances de1962 sont arrivées trop vite. J’allais partir mais j’emmenais avec moi, en plus de ce que j’avais appris, des valeurs que j’avais acquises de volonté, de travail sérieux et de conscience professionnelle, mais surtout un immense sentiment d’appartenance à quelque chose de très important : je devenais un ancien de chez CAYERE. Il m’ait  arrivé souvent dans la vie de préciser que j’étais un ancien de l’Elag, et sur la place de Grenoble et des environs cela faisait son effet et j’étais très fier de cette appartenance.

Bien sûr, j’ai trouvé du travail tout de suite comme tourneur catégorie P1 chez Nordest du groupe Richier, par l’entremise de mon prof de tour Mr PREBET qui avait su qu’une place était à prendre. Nous fabriquions des pelles mécaniques à câbles rue Honoré de Balzac ; le 19 février 1963, jour de mes 20 ans j’étais en action sur mon tour Cazeneuve modèle LO et le cariste déchargeait derrière moi une benne de bagues en bronze pour une reprise en finition des alésages, c’était du 50H8 je m’en rappelle encore et j’étais content.

 

 

Et après

Après ça… je ne pouvais pas en rester là. 7 ans de cours du soir à l’APPS puis à Vaucanson pour obtenir CAP de dessinateur, BP de tourneur, BP de dessinateur et BTS fabrication mécanique… puis les concours de l’éducation nationale passés plusieurs fois. En 1969 je commençais une carrière d’enseignant, en 1973 j’étais reçu au concours de professeur technique de lycée avec un bon classement national. La suite vous la connaissez.

Témoignages d'Anciens Elèves

Claude GIRERD - Message transmis à l'École le 31 Décembre 2013

 

"Mon père, René GIRERD, a suivi la formation de tourneur et d'ajusteur àl'ELAG il y a très longtemps. Il est né le 01 juillet 1937. Il devait être à l'école autour de l'année 1954.

 

Il est décédé samedi dernier. J'imagine que vos archives ne remontent pas aussi loin. En tout cas il a connu le Père Cayère, il nous en a parlé, il l'admirait, il nous disait qu'il était très sévère mais juste. Je pense que cette formation a très fortement influencé sa vie et pas seulement sur le plan technique mais également humain.

 

Il était extrêmement astucieux et précis dans tout ce qu'il entreprenait. Cela se voyait même dans son écriture. Une calligraphie comme on en voit plus aujourd'hui. Ces valeurs, il me les a transmises à son tour et c'est grâce à lui que j'exerce aujourd'hui le métier passionnant d'ingénieur de recherche au CNRS.

 

Je voulais témoigner de cela en mémoire de mon père et pour votre École."

 

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GIROUD-PIFFOZ Arnaud - 23 ans - Promotion 2003/2005

 

"Après ma 4ème, j’ai intégré l’ELAG en 2001 pour découvrir les métiers de la productique. J’ai obtenu le BEP. Grâce à cette réussite et à la conviction que j’avais bien choisi ma voie professionnelle, j’ai poursuivi mes études en BAC PRO, puis en BTS Etudes et réalisations d’outillage par alternance.


L’ELAG m’a permis d’acquérir savoirs-faire, rigueur dans le travail, et connaissances générales qui sont les bases de ma profession."

 

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FERRARI Yoann - 20 ans - Promotion 2003/2005


BEP MPMI, BAC Pro Technicien d’Usinage, BTS Industrialisation de Produits Mécaniques.

 
« La productique mécanique nous ouvre les portes sur des emplois à responsabilités, intéressants et en évolution permanente, en choisissant la productique mécanique on a un emploi assuré.


L’ELAG est l’établissement le plus apte pour former des personnes qualifiées, professionnelles et responsables, en sortant de l’ELAG, on a appris plus qu’un métier, on a acquis l’esprit de groupe et la solidarité. »

 

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MUNOZ Raoul - 22 ans - Promotion 2004/2006



BEP MPMI, BAC Pro Technicien d'Usinage, BTS Assistant Technique d'Ingénieur



« Avec mon BEP, j'ai pu obtenir un BAC et maintenant je prépare un BTS. Ceci s'est fait en intégrant la vie active de façon progressive et en découvrant la réalité du monde professionnel.»

Amicale des Anciens Elèves

 

Depuis la sortie de la Promotion 1939, les élèves de l 'ELAG se sont fédérés en Amicale ayant pour but de maintenir les relations amicales créées pendant leurs années d'études.

 

Cette amicale a donc suivi pendant toutes ces années le cheminement de l'École.

 

En 2008, l'amicale, toujours dirigée par un bureau élu, est un moyen de faire perdurer les liens d'amitié entre les anciens élèves, mais elle s'implique aussi fortement dans le devenir et le fonctionnement de l'ELAG, par le soutien apporté à la direction et au corps enseignant.

 

Nos activités sont diverses, et chaque année, le dernier dimanche de novembre, (en 2008 le 30/11) a lieu à l'ELAG l'assemblée générale.

 

Tous les anciens élèves sont cordialement invités. Que vous soyez fidèle à l'ELAG ou que vous ayez perdu le contact avec elle, vous y serez toujours les bienvenus !

 

Cette journée se déroule de manière rituelle avec l 'assemblée générale le matin où sont exposés les bilans des activités de l'année écoulée ainsi que moral et financier. Les ateliers de l'ELAG sont ouverts à la visite permettant de voir l'évolution des matériels et machines utilisés par les élèves. Un ancien de l'ELAG, le Père Michel VESSIERE, célèbre en toute simplicité un moment religieux et la matinée se clôture par l'apéritif offert par l'amicale.

 

Moment de convivialité où se remémorent bien des souvenirs... Les échanges perdurent pendant le repas qui finit agréablement cette journée de retrouvailles...

 

Tout au long de l'année, le bureau se réunit, et soutenu par de fidèles amicalistes met en oeuvre ses réalisations.

 

Notre journal-bulletin que vous devez recevoir (si ce n'est pas le cas, faites nous parvenir votre adresse et aussi vos critiques et vos encouragements !) vous tient au courant de la vie de votre amicale.

 

Les amicalistes s'impliquent fortement dans le quotidien de l'ELAG pour exécuter les demandes formulées par la direction :

  •  pour faire connaître l'ELAG, permanences dans les forums d'orientation pour les jeunes, et portes ouvertes annuelles en mars à l'établissement,
  •  pour faire des travaux d'entretien dans les bâtiments,
  •  pour entretenir les espaces verts, et pour diverses améliorations ponctuelles.

 Chacun de vous peut venir renforcer les équipes, car tout le monde a des compétences ! Aussi n'hésitez pas à proposer votre aide et votre soutien matériel, financier ou moral !

 

L'Amicale a élaboré et vérifie régulièrement l'annuaire des anciens (vente à l'ELAG 10 €) où chacun est répertorié par ordre de promo et par ordre alphabétique. Utilisez-le pour reprendre contact avec des camarades de promo. N'hésitez pas à vous le procurer !

 

Passer nous voir à l'ELAG ! Vous serez toujours les bienvenus ! Nous comptons sur vous tous pour continuer de faire vivre notre école et que les préceptes enseignés par le Père CAYERE continuent de nous animer...